- TROIS ROYAUMES (LES) ET DYNASTIES DU NORD ET DU SUD (LES)
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TROIS ROYAUMES LES & DYNASTIES DU NORD ET DU SUD LES (220-589), ChineLes appellations de Trois Royaumes et de Dynasties du Nord et du Sud (respectivement sanguo et nanbeichao ) s’appliquent à la période de fragmentation de la Chine allant de 220 à 589. Héritage de la désagrégation des Han, la division tripartite du début oppose le Wei (220-265) en Chine du Nord (famille Cao, capitale Luoyang), le Shu, ou Shu Han (221-263) au Sichuan (famille Liu, capitale Chengdu), et le Wu (222-280) dans la vallée du Yangzi et le Sud (famille Sun, capitale Nankin). Le régime du Nord, dont le domaine est le plus vaste et le plus peuplé, fait face à l’alliance du Shu et du Wu; en 263 le duc Sima Zhao, issu d’une famille de potentats du Henan et disposant de la réalité du vpouoir, annexe le Shu. En 265 son petit-fils Sima Yan détrône formellement les Cao et fonde la dynastie des Jin. Celle-ci est traditionnellement divisée en Jin occidentaux (265-316) et Jin orientaux (317-419). Le Wu se soumet en 280 et la Chine est provisoirement réunifiée. Le fondateur des Jin est connu pour son «bon gouvernement», mais il établit un système de fiefs autonomes dont les plus puissants sont réservés aux membres de sa famille et dont les conflits sont un facteur d’affaiblissement pour l’empire. À cela s’ajoutent les empiètements progressifs des tribus venues du Tibet, de Mongolie et de Mandchourie (les «Cinq Barbares»: Xiongnu, Jie, Xianbei, Di et Qiang). Une dynastie Han d’ethnie Xiongnu finit par s’emparer de Luoyang (311) et de Chang’an (316).La lignée des Sima est poursuivie par un de ses membres établi à Nankin dès 307. Les réfugiés convergent vers le sud, qui devient le foyer de la culture chinoise. Le pouvoir des Jin orientaux est faible: les grandes familles s’affrontent à la cour, et une bonne partie du pays est contrôlée par des potentats locaux. De coups d’État en rébellions, la famille Sima finit par perdre le trône au profit de Liu Yu, un militariste qui s’est attiré une certaine popularité en mettant à profit l’irrédentisme entretenu par l’occupation barbare du Nord. Il fonde une dynastie Song (ou Liu-Song). Les six régimes installés à Nankin du IIIe au VIe siècle (le Wu, les Jin orientaux, les Song [420-479], les Qi [480-502], les Liang [502-556] et les Chen [557-589], les quatre derniers se succédant les uns aux autres par de simples coups d’État), et par extension l’ensemble de la période, sont collectivement appelés «les Six Dynasties».Au nord, on distingue deux grandes périodes:Les «Seize Royaumes des Cinq Barbares» (wuhu shiliuguo , 304-439). Dès avant le repli des Jin au sud, et plus encore après, le Nord et ses frontières voient fleurir une série de petits royaumes barbares éphémères et se battant les uns contre les autres; certains sont fondés par des Chinois passés au service de régimes barbares qu’ils finissent par détrôner. Un certain Fujian, qui a établi en 351 une dynastie des Qin antérieurs à Chang’an (ethnie Di d’origine tibétaine), finit par réunifier le Nord en 376; conseillé par un ministre chinois, il jette les bases d’un État puissant et bien organisé, mais son régime sombre après l’échec cuisant d’une tentative de conquête du Sud (382). De nouveau une poussière de petits royaumes se créent sur les marches de la Chine du Nord.La dynastie proto-turque des Wei septentrionaux (ethnie Tabga face="EU Caron" カ), fondée en 386 dans le nord-est du Shanxi, finit par réunifier à son tour le Nord (439); sa capitale est transférée de Datong à Luoyang en 493. Les frictions entre le régime sinisé des Wei et les Tabga face="EU Caron" カ traditionalistes basés sur la frontière nord mènent à une guerre civile et à la scission (534) de l’empire des Wei entre Wei occidentaux (capitale Chang’an) et Wei orientaux (capitale Ye, au Henan), auxquels succèdent respectivement les Zhou septentrionaux (557) et les Qi septentrionaux (550), fondés par des hommes forts des régimes précédents (familles Yuwen et Gao respectivement). Les Zhou absorbent les Qi en 577. Quatre ans plus tard, un autre homme fort, Yang Jian, détrône la famille Yuwen et fonde la dynastie des Sui à Chang’an. Il réunifie la Chine en s’emparant sans difficulté excessive de l’empire méridional des Chen (589). L’héritage institutionnel et culturel des Wei du Nord et de leurs successeurs aura une influence profonde sur l’empire des Sui et des Tang.La majorité des régimes de la période des Dynasties du Sud et du Nord ont préservé la structure et la nomenclature gouvernementales des Han, mais il s’agit le plus souvent d’une façade. Dans la réalité, le pouvoir politique est en général entre les mains de princes, d’aristocrates ou de chefs d’armée devenus les favoris de l’empereur et exerçant leurs fonctions dans des institutions comme le secrétariat impérial (zhongshusheng ) ou la chancellerie (menxiasheng ), qui prennent un grand poids pendant la période. De même, si la structure et les titres de l’administration territoriale des Han sont en principe conservés, la réalité est différente. On a en fait deux hiérarchies (qui peuvent se recouper): l’une formelle, celle des régions (zhou ), commanderies (jun ) et sous-préfectures (xian ); l’autre informelle, celle des magnats locaux héréditaires de toutes sortes (princes feudataires, chefs tribaux, voire bandits...) qui détiennent la réalité du pouvoir local. Dans le domaine militaire également, les armées locales non contrôlées par le pouvoir central tendent à devenir la norme, surtout au sud. Au nord comme au sud, la profession de soldat est devenue héréditaire.
Encyclopédie Universelle. 2012.